Atari Teenage Riot - 60 Second Wipe Out
Un album qui pique un peu à l'écoute mais un son si nouveau et autant d'énergie réunis dans un seul disque ne peuvent laisser indifférent. ATR c'est un peu on adore ou on deteste. C'est rock, c'est électro (c'est grace à eux que j'ai réussi à me mettre à la techno - enfin à certaines formes de techno), c'est nouveau (encore aujourd'hui), c'est violent, c'est engagé... Je pourrais continuer comme ça longtemps sur ATR mais c'est l'heure d'un peu de Musique (avec un grand M comme dans "Mon Dieu que c'est bon").
L'album le plus abouti d'ATR est très certainement celui grace auquel je les ai découvert : 60 Second Wipe Out.
Toutes les paroles de l'album sont engagées. En effet, ATR est un groupe : "Anti-Nazi, anti-fasciste, anti-capitaliste, anti-globalisation". Relativement simpliste, le message est porté par une musique révoltée qui lui correspond parfaitement.
1. Revolution Action 5/5
Un bruit de public (peut-être une peu aïgue). Une cri féminin qui hurle "Action". Des guitares sur-sur-saturées entament un riff entêtant. De nouveau un hurlement féminin qui agonise dans les aïgues sur un "Come On". Un roulement de caisse claire qui passe de très très vite à encore plus vite. Une voix masculine d'abord douce répète une unique phrase jusqu'à la crier. Voila comment on fait une intro qui fait monter la pression de manière presque parfaite qui fait passer en douceur nos oreilles du silence au chaos d'un morceau dense et anarchique.
Le morceau tourne autour d'un unique riff de guitare, des voix du groupe et de l'accompagnement de Nic Endo.
Nic Endo nous délivre (et ce dans tous les morceaux de l'album) un accompagnement parfait de changements, de maîtrise dans les sons. C'est elle qui fait ce son si particulier qui ne serait sinon que des guitares saturées jouées en boucle. Si ce genre d'accompagnement est un peu rude à écouter en solo (voir la vidéo ci-dessous), il fusionne à la perfection avec les voix des autres membres d'ATR. Vraiment novateur, cet accompagnement électro a la caractéristique de ne pas reposer sur une répétitions de basses comme c'est trop souvent le cas en électro (et encore plus en techno). Un petit exemple de ce que ça donne en solo.
La structure refrain / couplet du morceau est présente mais relativement malmenée avec des interventions vocales de durées changeantes et des paroles renouvellées sur l'accompagnement lui-même mouvant.
Un solo de sons électro agrémenté des voix du groupe (1'45) déstructure pour un moment complètement le morceau en faisant disparaître le rythme au profit d'une ambiance survoltée.
2. By Any Means Necessary 5/5
S'enchainant avec Revolution Action, le second morceau continu dans un rock électro violent.
Le morceau tourne ici autour de la batterie qui répete une unique phrase tout au long du morceau. Utilisant les contre-temps à merveille, on à l'impression que le morceau est toujours en déséquilibre et qu'il tente de se rattraper tout au long de ses 2 minutes 38.
Les voix jouent de la répétition pour marteler leur message. Beaucoup de questions / réponses vocales (entre la chanteuse et/ou les chanteurs et/ou un public imaginaire). Des cris, des voix plus douces, des voix rappées viennent encore une fois densifier un morceau pourtant déjà bien rempli.
Un accompagnement toujours aussi précis avec de nouveau un riff de guitare en boucle à partir de 1'07 viennent parfaire le tout.
3. Western Decay 2/5
Un slow selon ATR ? La question restera sans-doute à jamais posée. Au final ce morceau manque un peu d'énergie et se répète un peu trop. Surement le riff de basse en boucle qui passe pas.
4. Atari Teenage Riot II 5/5
Mon morceau préféré de l'album.
Une intro dans laquelle un discours et un son de charley sont opposées à un sample entêtant et déséquilibré à la perfection. L'arrivée d'un son décollant vers les aïgus comme le moteur d'une moto montant dans les tours suivi d'un roulement de caisse claire (encore une fois beaucoup trop rapide), réussissent à la fois à dégager une énergie incroyable et à amener à l'explosion marquant le début du morceau.
Contrairement aux deux premiers morceaux de l'albums, si les motifs musicaux sont répétés, le morceau fait aussi apparaître de nombreux changements dans les riffs de guitares bouclés et dans l'accompagnement (0'57 - 1'27 - 2'25 - 2'55 - 3'18 ). La particularités de ces changements est qu'ils font apparaître presque à chaque fois une nouvelle phrase musicale et diversifie le morceau sans que cela apparaisse immédiatement à l'écoute.
Les voix ne sont pas en reste avec tous les ingrédients classiques d'ATR et en plus de nombreuses phrases à plusieurs voix et un entraînant "YO YO YO..." répétés jusqu'à plus soif qui donne un aspect festif à la chanson.
L'accompagnement est certe très bon mais c'est sur ce solo sue le génie de Nic Hendo transparaît le plus. A base de bruits pour la plupart inaudibles, elle arrive à faire un tout qui se tient, qui évolue et vie dans nos oreilles.
5. Ghostchase 5/5
Plus électro, plus rap, ce morceau reste très très bon. Une rythmique énervée (on dirait Aphex Twin), beaucoup plus de place laissée au silence, de longs breaks rappés peuplées d'une basse et de basses profondes, pas de riffs de guitares énervés différencient ce morceaux du reste des autres. Malgré tout l'énergie est là, peut-être un peu plus retenue mais quand même bien là prête à exploser.
6. Too Dead For Me 5/5
Un morceau reprenant les arrangements classiques d'ATR jusqu'à 2'06 et l'apparition d'une ambiance presque reposante. Bien que basée sur un riff de guitare rapide et saturée, le morceau prend tout d'un coup un ton calme, reposé et rafraichissant. En effet, le fait que que ce riff-ci soit d'une autre couleur mélodique que ce que produit ATR usuellement, que les voix soient tout d'un coup très calmes et que l'accompagnement soit mis en sourdine arrive à créer une oasis de calme dans ce disque de brutes. Impression renforcée lorsque la chanteuse se met à chanter d'une voix mélodique (en comparaison à ses cris habituels).
7. U.S. Fade Out 3/5
Une morceau un peu plus calme, histoire de reposer les oreilles après tout ça.
Ca commence par une longue intro instrumentale dans le plus pur style Nic Hendo.
Puis la voix de la chanteuse seule chantant sur une montée de la rythmique (caisse claire et grosse caisse) et des nappes sonores inquiétantes délivrent une ambiance assez inquiétante.
8. The Virus Has Been Spread 1/5
Sorte de maëlstrom de voix (à peine reconnaissable) et de sonorités dérangeantes, ce morceau remet dans le bain après la trêve d'U.S. Fade Out.
9. Digital Hardcore 1/5
Le morceau le plus dur de l'album. Assez peu de chants sinon quelques phrases posées deci-delà pour meubler un solo de 4'11 de bruit ordonné. J'avoue que là ça pique un peu trop pour moi...
10. Death Of A President D.I.Y.! 2/5
Encore un morceau assez dur mais qui est plus structuré que le précédent. Les sonorités étranges et la maîtrise rythmique dans l'accompagnement n'arrive cependant pas à sauver le morceau à mes yeux.
11. Your Uniform (Does Not Impress Me!) 4/5
On repasse dans de l'ATR plus classique ici. Les riffs de guitares saturées sont boostés par un rythmique endiablée. Les breaks font voler la structure en éclat. Le morceau évolue malgré la répétition des phrases musicales. Les voix qui se complétent dans le rap, le chant et les cris. Les solos sont toujours aussi improbables. Le silence qui met en valeur l'énergie du morceau.
Les nombreuses variations d'ambiances sont certainement le propre de ce morceau tantôt très rock, tantôt pur électro, tantôt pur ambiance.
12. No Success 3/5
Le style classique d'ATR sans rien d'original. Se laisse écouter mais n'a pas l'énergie des nombreuses bombes de ce disque.
13. Anarchy 999 2/5
Noyer les voix dans un accompagnement trop présent et c'est une bonne partie du son d'ATR qui se retrouve inexploitée.
Un must absolu. Malgré quelques chansons un peu difficiles à appréhender et quelques unes sans grande originalité par rapport à ce que produit habituellement ATR, cet album contient de véritables bombes lachées dans nos pauvres oreilles innocentes. Révolutionnaire dans tous les sens du terme, cet album peut faire changer vos oreilles et vous faire aimer des musiques qui vous semblaient trop électro (ou trop rock selon le côté de la barrière vous vous situez). Energique à outrance, cet album ressemble plus à du rock que 99% de la production actuelle en la matière.